L'AIGLE
Du sommet des montagnes,
Lançant son cri de chasse
L'aigle géant d'Espagne
Domine temps et espace.
De la pointe de l'aile
Il dessine un virage,
Sa trajectoire est belle
Comme le sont les mirages.
L'air est pur et serein,
Et là haut, sur les cimes,
Aucun bruit ne parvient,
C'est le silence ultime.
Le géant solitaire,
Bercé par les grands vents,
S'éloigne de la terre,
Sans effort, en planant.
Survolant les grands pics,
Les bois et les vallées,
Au dessus de l'à pic,
Il se laisse glisser,
Puis soudain, sans alarme,
L'oiseau Roi devient arme,
Et tel un javelot,
Tombe de tout là haut.
A deux becs des grands arbres,
Il infléchit sa course,
Caressant de ses plumes,
Dans une courbe douce
Les écharpes de brume ;
Un isard a frémi
En bas, dans les rochers
Il a lancé un cri,
Quand l'ombre l'a frôlé.
Mais l'aigle est remonté
Au dessus des nuées
Sondant les Pyrénées
De son œil acéré,
En éternel gardien
Des neiges éternelles
Accrochées comme les pins
Aux flancs de ces montagnes.
Protégeons le toujours,
L'aigle géant d'Espagne
Pour que soient encore belles
Les aubes de nos amours.
Clau (septembre 96)